Madame la Comtesse,

Voici la liste des membres de la commission relative à la proposition de Mr Steenackers : à l’exception de MM Cazelles, Berger et Daguilhon-Pujol dont l’opinion, quoique bienveillante, n’a pas été énergiquement exprimée, on les dit tous très hostiles et au maintien et également à la concession des pensions qui dépasseraient 6000 frs.

Plusieurs députés de la Chambre que j’ai consultés cette après-midi, tout en blâmant les pensions accordées, ne craignent pas de dire hautement qu’il serait honteux pour la France qu’on en vint à supprimer ce qui a été fait à ce sujet, ils rappelaient qu’en 1848 Mr Goudechaux ministre des Finances avait menacé de donner sa démission si la Chambre refusait de servir les pensions accordées aux vieux serviteurs de l’Ancien régime on citait le nom du vieux duc de Richelieu comme compris parmi ces pensionnaires. Et la chambre républicaine d’alors avait passé outre. Ils ne peuvent donc pas croire que le Corps Législatif actuel se montre plus sévère que ne l’a été la Chambre de 1848.

Quelques autres députés raisonnent autrement et ce sont les membres de cette commission. Ils disent que les pensions ne sont accordées que sur un crédit de 500000 frs votés chaque année par le Corps Législatif et que conséquemment le maintien des pensions dépend de la volonté absolue du Corps Législatif. Du reste rien n’est encore fait la Chambre vous est favorable à vous surtout Mme la Comtesse ; cette commission n’a pas encore fonctionné elle attend avec impatience des documents du Ministère des Finances ;

Demain matin si j’ai quelque bonne nouvelle à vous communiquer je m’empresserai de venir vous en faire part. La situation ne me paraît pas mauvaise à en juger par les bonnes dispositions du Corps législatif.

Agréez Madame la Comtesse l’hommage le plus respectueux de votre tout dévoué.