[En tête d’une autre main : lettre à Monsieur de Talleyrand [tracé : M. le Duc d’Orléans] pour les lettres de naturalisation]


Paris, le 10 mai 1833

 

Mon Prince,


La bienveillance que vous avez bien voulu me témoigner, dans les rapports que j'ai été assez heureux d'avoir avec vous, m'enhardit à venir vous en demander une nouvelle preuve.


La triste position de la Pologne m'a décidé à chercher en France une nouvelle patrie, je tâche d'obtenir la naturalisation, mais j'ai malheureusement bien peu de droits à faire valoir pour atteindre cette faveur ; si je n'y réussis pas il me reste d'acquérir la petite nationalité c'est à dire les droits civils qui me mettraient à même de servir la France en embrassant une carrière me laisse l'espoir d'obtenir par la suite des lettres de grande naturalisation. Dans cet état de choses, j'ose m'adresser à vous Mon Prince : ma carrière diplomatique bien courte et bien stérile a eu un avantage que j'apprécie beaucoup c'est d'avoir été faite sous vos yeux, j'oserai presque dire sous votre direction ; une fois même j'ai eu le bonheur de pouvoir coopérer à vos vues et par conséquent servir la France : ce fut en employant l'influence Polonaise à agir sur le congrès Belge pour l'amener à se conformer aux désirs des cabinets Français et Anglais.


Cette influence quelque secondaire qu'elle fût n'a pas été pourtant sans effet, comme le prouve le discours prononcé par la députation qui est venue offrir la couronne au Prince Léopold, et dont j'ai eu l'honneur de remettre entre vos mains une copie. Je suis bien loin d'avoir la prétention de faire valoir cette ….. comme un service rendu à la France, d'autant que je n'agissais ainsi que parce que je le croyais tout à fait conforme aux intérêts de la Pologne.


Ce n'est absolument que sur votre bienveillance Mon Prince que je m'appuie pour vous faire envisager ce fait  sous un jour qui me soit favorable dans ce moment ; sachant qu'un mot de Votre Altesse pourrait peut-être me faire obtenir de suite la grande naturalisation, et certainement me fournir au moins les moyens de rendre des services assez réels pour qu'ils me valent plus tard la qualité entière de Français.


Je vous prie Mon Prince d'agréer d'avance l'expression de ma reconnaissance et pour ce que vous voudrez bien faire pour moi dans cette occasion qui ne peut qu'ajouter à celle que je vous ... pour la bonté avec laquelle vous avez bien voulu accueillir mes faibles essais dans une carrière dont à tant de titres vous êtes réputé [?] le chef.


Je saisis cette occasion pour renouveler l'assurance bien sincère de tout mon dévouement.


A. Walewski