Pour vous seul.


Je puis mon cher Walewski, vous dire comme César, Veni, Vidi, Vici. Je suis depuis le 9 octobre, l'homme du monde le plus heureux, car vous saviez combien je désirais ce mariage, et combien il me convient depuis longtemps. Il y a bien longtemps qu'il occupait ma pensée, et ce n'est qu'au mois d'avril que je fus assez heureux pour trouver un intermédiaire utile. Enfin tout est arrêté, et convenu, nous n'attendons plus que le duc, pour donner suite à la rédaction du contrat ; et il est plus que probable que le mois le novembre, si ce n'est même la première quinzaine, me verra marié ! Ne parlez encore de rien, car tout est secret encore, et doit l'être, plusieurs autres partis soutenus vigoureusement, proposés, et ayant renoué pourraient s'ils savaient mon bonheur venir le troubler. Car mon ami, la calomnie est l'arme puissante du monde , du méchant, et du jaloux. La médisance est affreuse, mais la calomnie est bien pire, à peine si on peut s'en défendre. On a dit bien du mal sur moi, j'ai combattu victorieusement ses effets, mais je me repose sur ma victoire, et ne voudrais plus voir mon succès exposé dans de nouvelles luttes. Ainsi donc ami, gardez pour vous, et pour vous seul, ma communication de ce jour. Je serai à Paris mercredi soir, ou jeudi matin. J'irai à Fontainebleau, pour avoir une prolongation de congé, ou pour mieux dire, pour demander un congé d'un mois, en attendant mon ...


Je vais écrire au colonel, mais je ne lui dirai pas qui j'épouse car il est bonhomme, mais bavard. Je tâcherai de vous voir à Paris.


Au  revoir mon cher ami, croyez à mon attachement bien sincère. Nous avons parlé de vous ici et c'était un chœur d'éloges sur votre compte. J'ai vu au bien que l'on disait de vous, qu'on vous connaissait beaucoup, et j'en ai été heureux. Mille amitiés de la part de Monsieur de Flavigny


Tout à vous de cœur


De Goyon