Mon Cher Comte,


J'ai lu avec un extrême intérêt votre mot sur la question d'Alger, et cet intérêt s'est surtout accru par la sympathie de nos opinions sur le système à suivre dans un pays à la conquête duquel j'ai assité.


Mon premier mot, et ma correspondance de 1830 l'atteste, a été de déclarer au gouvernement d'alors que l'occupation ne pouvait avoir des chances certaines de succès qu'en s'étendant lentement, qu'elle devait impérieusement réaliser des avantages réciproques soit pour l'indigène, soit pour colon. Et dans un langage plus familier je n'ai cessé de répéter que l'occupation devait, telle qu'une goutte d'huile, s'étendre insensiblement.


Votre distinction sur le fait de l'alliance ou de la soumission à titre de sujets est une de ces vérités incontestables qui n'ont malheureusement pas été entendues de tous ceux qui ont commandé. L'écrit publié par le général Desmichels m'avait inspiré une confiance que votre opinion fortifie ; et je vous félicite bien sincèrement d'avoir su dire et d'avoir dit avec toute la circonspection d'un tact exquis, des vérités sévères que tant d'autres auraient passées sous silence. Je fais des vœux pour que ces sages enseignements ne soient point méconnus. Je me réserve d'aller vous offrir ... tous mes remerciements et l'expression de mes sentiments dévoués.


Paris, ce 17 avril 1837

 

Note Cette lettre doit être rapprochée du Mémoire sur la colonisation de l’Algérie qui date de 1834 ou 1835