[En tête : Légation de la République française à Naples]
Naples, le 14 mars 1849

Mon Cher Collègue,
Les trois plis ci-joint, à votre adresse, m'ont été remis de la part du Grand Duc, avec prière de vous les faire parvenir sûrement.
Nous avons des nouvelles de Palerme ; mais seulement jusqu'au 7. Les amiraux étaient arrivés la veille. Ils avaient eu une première entrevue avec les membres du gouvernement, et leur avaient présenté les conditions du roi. Nous ne savons rien encore de l'accueil fait à ces propositions. Si, d'après celui qu'avaient reçu personnellement les deux amiraux, il n'est pas encore possible de présager l'adhésion des Palermitains aux propositions dont ils sont porteurs, toutefois, cet accueil n'a pas été de nature à faire présager, non plus, un refus absolu. La partie modérée de la population et la garde nationale se prononçaient contre le parti de la guerre.
Ici, la chambre des députés a été dissoute hier. On prévoyait, depuis plusieurs jours, ce dénouement de la lutte devenu plus dure que jamais entre la Chambre et le ministère. Changer les ministres eût peut-être été plus sage, et plusieurs membres modérés de la chambre assurent qu'elle eût marché avec un autre cabinet. La somme des torts était à peu près égale de chaque côté ; mais la nouvelle de la dissolution, si elle parvient à Palerme avant la fin de la négociation, n'est pas faite pour lui donner une tournure favorable. L'ordonnance de dissolution ne fixe pas encore l'époque des élections ni de la réunion de la nouvelle Chambre.
Veuillez agréer, mon cher Collègue, l'assurance de ma haute considération et de mes bien dévoués sentiments.
A. de Rayneval