Rome, le 18 juillet 1850
Mon cher comte,
J’ai reçu votre aimable lettre du 14 courant, et je dois avant tout vous remercier de l’intérêt  que vous avez pris dans l’affaire dont il s’agit, ainsi que de vos efforts pour …….. officieusement à une solution satisfaisante.
J’ai été extrêmement sensible au souvenir dont Sa Majesté le Roi m’a honoré. C’est un nouveau témoignage de la bonté de Sa Majesté envers moi, qui ajoute encore, s’il est possible, au regret que j’ai éprouvé en quittant un pays dans lequel j’ai été accueilli avec tant de bienveillance et par la famille royale, et par toutes les classes de la société.
J’ai quitté Naples en vertu des ordres de mon gouvernement, qui m’avait prescrit de le faire, si l’on ne reconnaissait pas un mariage projeté ; et je ne suis parti que le jour même où ce mariage a été célébré.
Maintenant je dois continuer mon voyage en Espagne et je n’attends que le bateau à vapeur qui doit venir à Civitta Vecchia avec mes effets, pour m’amener à Pavélone.
La pensée que vous avez indiquée, dans un véritable esprit de conciliation, qui vous honore, aurait du moins l’avantage de prouver à la cour d’Espagne la loyale intention du Roi, en ôtant [?] au fait … tout aspect politique ; et en l’offrant aux yeux de l’Europe d’après le désir si souvent exprimé par Sa Majesté même, comme un arrangement de famille.
J’ignore tout à fait les explications qui ont été envoyées à ma cour sur cette malheureuse affaire qui est venue si mal à propos altérer les excellents rapports qui existaient entre les deux gouvernements. Mais d’après mon ….. ….. , et connaissant l’attachement sincère que je porte au Roi, vous pouvez être sûr que loin d’aigrir les esprits à Madrid, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour amener une conciliation entre deux cours unies par tant de biens, et dont la bonne entente est plus nécessaire que jamais.
Présentez, je vous prie, mes hommages à Madame la Comtesse, et agréez mon cher Monsieur le Comte la nouvelle assurance de tous mes sentiments les plus distingués.
Votre tout dévoué
Le duc de Rivas