Sire
Mille félicitations bien vives et bien sincères pour le grand et heureux évènement dont je reçois la nouvelle.
Un danger reste qu'il faut éviter à tout prix: les préliminaires signés, la paix peut échouer dans la négociation du traité définitif
1° parce que la Russie, après avoir refroidi et peut-être divisé la France et l'Angleterre, élèverait des prétentions inacceptables, pour rompre une paix ignominieuse.
2° parce que l'Angleterre ferait une condition sine qua non de certaines exigences au sujet de la Baltique.
Le plus sûr, le mieux, le plus net, ne serait-il pas de dire: les préliminaires seront le traité définitif de paix. Les autres questions se règleront à l'amiable ultérieurement, comme toutes les affaires ordinaires qui intéressent l'Europe, mais sans que la question de paix ou de guerre y soit subordonnée?
En vérité, Sire, il faut que je sois bien sûr de mes intentions et de vos bienveillantes dispositions, pour me permettre de vous adresser une pareille lettre dans la situation où je suis vis à vis de votre Majesté.
Je suis avec respect, Sire, de votre Majesté le très humble, très obéissant serviteur et fidèle sujet.
Drouyn de Lhuis
17 janvier 1856