[En tête : Mission extraordinaire de Sa Majesté le Roi de Sardaigne]
20 mars
Mon cher Comte,
D’après l’intérêt que vous avez témoigné prendre à la malheureuse affaire des séquestres autrichiens, j’ose me flatter que vous en parlerez encore au Comte Buol. Afin que dans ce cas vous soyez parfaitement éclairé, je prends la liberté de vous envoyer la traduction littérale d’un [...]décret d’émigration obtenus du gouvernement d’Autriche par les nouveaux sujets sardes.
Vous verrez par cet acte que le gouvernement autrichien délie de toute obligation à son égard ses anciens sujets et déclare les reconnaître comme des étrangers sous tous les rapports politiques et civils.
Il est impossible de rien concevoir de plus explicite.
Permettez-moi encore de vous faire observer que si la mesure des séquestres cesse d’être générale pour devenir individuelle, on ne peut même plus alléguer à sa justification l’intérêt général, la sûreté du pays : elle devient tout simplement une mesure hostile au Piémont, destinée à lui faire subir un affront. C’est ainsi que nous ne pouvons [ ?] à moins que de l’envisager, et c’est pourquoi sans déclarer la guerre à l’Autriche, puisque nous n’avons pas les moyens de la lui faire, nous persisterons tant que les biens d’un de nos sujets seront séquestrés, à ne pas entretenir de relations diplomatiques régulières avec elle.
Veuillez, mon cher Comte, croire à ma haute considération et à mes sentiments dévoués.
C. Cavour