Cassel, le 6 janvier 1860

Mon Cher Comte,
Je ne sais encore que par le télégraphe la grave détermination que vous venez de prendre et qui est un évènement européen. Quels qu'en aient été les motifs je vous connais trop bien pour ne pas savoir d'avance que c'est dans votre conscience seule et dans votre loyauté que vous les avez trouvés, et c'est ainsi que vos amis, le public, et l'Empereur lui-même, je n'en doute pas, apprécieront votre retraite. Je n'en éprouve pas moins de regrets en vous voyant renoncer à un poste où vous avez rendu tant de services. Vous m'y avez donné des témoignages d'amitié que je n'oublierai jamais. Et pourtant il n'en est pas qui me soient plus précieux que celui que je viens de recevoir ce matin. Avoir pensé avant-hier, au moment où vous étiez sans doute en pleine crise, à répondre à une demande aussi insignifiante que la mienne c'est une marque de souvenir [ ?] et d'intérêt à laquelle je suis plus sensible que je ne puis vous dire et dont je ne puis assez vous remercier. Je ne tarderai pas à le faire de vive voix, j'espère, grâce au congé que vous voulez bien m'accorder ainsi in extremis. Il me tarde de vous répéter, à vous et à Madame Walewska, l'assurance d'un attachement et d'une fidélité qui datent déjà de dix ans, et dont je vous prie de trouver ici la sincère expression.
 Ch.[ ?] Baudin
Ma mère, qui est ici près de moi, me charge d'être auprès de vous et de Madame Walewska l'interprète de sentiments qu'elle va vous exprimer elle-même aussitôt qu'elle sera rentrée à Paris.