[En tête : Ambassade de France à Rome]
Particulière

Rome, le 7 janvier 1860

Mon Cher Walewski,
Votre démission m'afflige et m'inquiète ; elle m'afflige parce que l'Empereur ne trouvera pas de plus fidèle ministre et que moi je perds beaucoup en vous perdant. Dans ces derniers temps surtout j'ai pu apprécier la nature de nos relations et vous ne sauriez croire la perturbation que votre retraite apporte dans mes idées. Je ne vous parle pas de mes inquiétudes, j'attends d'en savoir plus long, mais elles sont grandes. Je n'ai pas besoin d'attendre par contre, pour vous dire que je vous regrette de toutes les manières et bien  vivement ; gardez de nos relations officielles le souvenir que j'en conserve, et s'ajoutant à celui de nos rapports privés il cimentera une amitié à laquelle, je l'espère, vous tiendrez comme j'y tiens.
Tout à vous.
Gramont
P.S. Je ne sais pas si vous dirigez encore le Département, je ne sais pas qui fait l'intérim en attendant Monsieur Thouvenel. Dans cette incertitude j'écris directement à l'Empereur.