[En tête : Ministère de l’Intérieur – Division de la Presse, de l’Imprimerie, et la Librairie et du Colportage]
Paris, le 12 janvier 1860

Monsieur le Comte,
Monsieur De Billing a dû vous dire combien je m’étais senti cruellement frappé par votre retraite. Vous avez été, Monsieur le Comte, ma Providence et ma protection pendant cinq ans, et je suis bien découragé aujourd’hui.  Je ne me trouve plus d’énergie que pour vous dire que jamais, dans aucune circonstance de ma vie, de loin comme de près, je n’oublierai toutes vos bontés pour moi. Présentes à mon esprit, dans les moments douloureux que je traverse, elles remplissent mes yeux de larmes et mon cœur de reconnaissance. Elles seront, vous pouvez en être bien sûr, ma règle de conduite pour l’avenir, et, quoiqu’il m’arrive d’heureux ou de malheureux, (je ne prévois plus rien d’heureux, fourvoyé comme je le suis) vous n’aurez jamais qu’à dire un mot, à faire un signe, pour voir arriver à vous un serviteur soumis et fidèle.
Veuillez, je vous prie, Monsieur le Comte, présenter mes plus humbles respects à Madame la Comtesse Walewska, et recevoir l’expression de mes sentiments de profonde gratitude et d’inaltérable dévouement.
Edouard Gourdon

2 ter, Passage Sainte Marie (rue du Bac)