Paris, ce 14 janvier

Mon très cher Comte,
Une indisposition assez sérieuse m’a empêché de vous exprimer plus tôt le vif regret que m’a fait éprouver votre retraite du ministère. Je n’ai pas besoin de vous dire que l’intérêt de mon fils n’est pas le seul motif de mes regrets ; des considérations d’un ordre plus élevé y trouvent place aussi et me font sentir de plus en plus combien votre présence aux affaires étrangères était nécessaire. Pour ma part je ne m’en consolerais pas si je n’avais la conviction qu’avant longtemps nous vous y verrons revenir. Comment pourriez-vous donc être remplacé ? Vous dans la conduite des affaires et Madame la Comtesse Walewska dans son salon ? Ce n’est donc pas un adieu que je viens vous dire,  mais à bientôt. Et en attendant vous remercier encore une fois de vos bontés pour mon fils. Et vous dire combien il a su apprécier les bonnes pensées que vous avez exprimées à son égard. Quant à moi c’est du fond du cœur que j’ai recueilli tous ces témoignages de votre ancienne bienveillance pour moi.
C’est avec confiance que je vous prierai, en tout état de choses, de continuer votre protection pour mon diplomate. J’ose espérer qu’il saura s’en rendre digne.
Les années et avec elles les infirmités arrivent en s’aggravant. Je ne sors presque plus de chez moi aussi le souvenir de mes amis et l’affection de mon fils sont mes seules joies en ce monde. Merci mille fois de ce que vous avez fait pour moi.
Et veuillez agréer avec l’expression de ma reconnaissance mes vœux les plus sincères pour vous et pour tous les vôtres.
Votre bien dévoué serviteur et ami.
             [Signature]
Veuillez me mettre aux pieds de Madame la Comtesse Walewska