Anvers le 21 novembre 1860

 

Mon Cher comte,

Une lettre de mon chancelier qui m'annonçait force réceptions officielles en l'honneur de l'impératrice d'Autriche m'avait mis fort à tort la puce à l'oreille ; et pour ne pas m'exposer aux foudres d'Herbet, je me suis déterminé à partir pour Anvers sans plus tarder. J'étais rendu à mon poste mardi matin par le train qui a précédé celui de l'impératrice et prêt à paraître si l'auguste voyageuse avait exprimé le désir de voir les b... du corps consulaire anversois qui en comptent plusieurs ..........

Dieu merci j'en ai été quitte pour la peur d'une réception officielle; et je me vois aujourd'hui fort penaud de la précipitation de mon retour qui ne m'a pas permis de prendre congé de l'Eldorado d'Etiolles un remord que j'aurais bien pu m'épargner si j'avais pris la peine de réfléchir et de réduire à leur juste valeur les cancans de petites villes que m'avaient transmis mon chancelier. Mais ce qui est fait est fait, et je dois dès aujourd'hui me résigner à accepter patiemment les ennuis de l'hiver d'Anvers.

Dieu merci j'ai emporté un assez gros lot de bons souvenirs de mon séjour en Seine et Oise et en Seine et Marne pour ne pas trop embêter Marchand mon ... accoutumé             au récit de mes humeurs noires. De plus je suis revenu de Paris en pleine verve de composition. L'air natal la conversation de Charles Greffulhe décidemment l'homme le plus spirituel que je connaisse agissent sans doute sur mon cerveau car dès hier je me suis mis à l'ouvrage et je sens que je n'aurai ni trève ni repos jusqu'à ce que j'ai terminé une petite nouvelle qui complètera le petit volume La Malle de l'Inde dédié comme vous le savez avec autorisation au Comte A. C. W.

Veuillez présenter mes hommages à Madame Walewska mes souvenirs aux enfants.

A vous et dévoué.