Anvers, le 4 septembre 1861
Mon Cher Comte,
C'est aujourd'hui 4 septembre que je reçois votre lettre du 18 août et je ne veux par tarder à vous remercier du souvenir que vous avez donné à mes intérêts à l'occasion de la vacance laissée dans les archives de l'Empire par le décès de Monsieur Cauchois-Lemaire. Plein de confiance, comme je le suis, dans les lumières de votre haute sagesse, je dois sans doute me ranger à l'avis que cette position est trop au dessous de celle que j'occupe pour pouvoir m'être offerte. J'ajouterais cependant que les grandeurs du consulat général d'Anvers ne m'ont pas tourné la tête et qu'Esaü consulaire il ne faudrait pas un bien gros plat de lentilles pour m'engager à m'en déssaisir.
Puisque vous avez bien voulu vous occuper de mes intérêts, vous me permettrez sans doute de vous parler des vôtres. En mars dernier le ministère m'a demandé des renseignements sur les travaux de défrichement de la lampine, et j'ai envoyé sur ce sujet un mémoire très remarquable. Je dis très remarquable car j'avoue aussi que tous les éléments m'en ont été fournis par un agriculteur belge fort distingué le major en retraite de Lobel. Monsieur de Lobel qui s'est occupé depuis vingt ans des défrichements de la lampine, et a obtenu des résultats fort brillants serait enchanté d'exercer ses talents sur un plus grand théatre, de faire en un mot en France quelque chose qui pût lui mériter la croix de la Légion d'Honneur. Ceci en pure supposition de ma part : je reste dans les faits acquis en vous disant que Monsieur de Lobel m'a témoigné le désir de mettre* son expérience au service des travaux de défrichements que l'Empereur fait exécuter en Sologne et dans les Landes. Monsieur de Lobel est, je vous le répète, un homme éminent en matière de défrichement et je suis convaincu que vous auriez beaucoup à gagner à lui faire visiter les travaux que l'on exécute sur votre terre de ... le nom m'échappe ...
Veuillez présenter mes hommages à Madame Walewska, mes souvenirs aux enfants.
A vous et dévoué.
* Gratuitement !!