rue de Lille 105

 

Paris 5 juillet 1862

Monsieur le Comte,

Je ne viens pas m’adresser aujourd’hui au ministre mais bien à l’ancien ami qui depuis tant d’années m’a accoutumé à une bienveillance qui ne s’est jamais démentie, et que je viens invoquer encore avec la ferme confiance qu’elle ne me fera pas défaut dans cette circonstance.

Je vous ai, il y a six mois, demandé votre puissant appui et votre intérêt en faveur de Monsieur Gustave ... ; vous m’avez dit que vous n’aviez que des éloges à lui donner, vous m’avez dit pour lui des paroles excellentes et vous m’avez permis de vous les rappeler vers l’époque dont nous approchons. Je viens donc vous supplier, mon cher comte, de penser à lui ; et en lui accordant la distinction que je sollicite de votre haute justice vous demander une faveur dont je serai personnellement et profondément reconnaissant.

Quatorze années de bons services dans la presse du gouvernement, ses travaux depuis quatre ans ou Moniteur où il a deux fois suppléé Monsieur Théophile Gautier absent. Son dernier ouvrage, Paris, qui a obtenu la flatteuse approbation de Sa Majesté, son assiduité et son zèle pendant la session législative, enfin sa conduite vis à vis de ses parents dont il est le seul soutien, conduite que je connais et que je me permets de vous signaler comme celle d’un bon fils et d’un homme de coeur, sont pour ... des titres à votre bienveillance toute particulière. Pour moi je serais heureux, et plus que je ne le puis dire, si mon amitié pour lui pouvait le servir auprès de vous et me faire contracter vis à vis de vous une nouvelle dette de reconnaissance.

Je saisis cette occasion, monsieur le comte, de vous réitérer l’assurance de ma vieille et sincère affection et vous prier d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.