Paris le 4 xbre 1862

 

Mon cher Comte,

En vous écrivant hier mon billet, je vous croyais à Paris. On vient de me dire tout à l'heure au Ministère d'Etat que vous étiez à Compiègne.

Or puisque vous êtes auprès de l'Empereur faites moi donc une grâce celle de terminer l'affaire de mon secrétaire général au conseil d'Etat comme conseiller hors section.

Vous savez l'état des choses Mr Vaïsse consent un peu à regret mais il serait (consolé) d'être en service extraordinaire si on lui donnait la plaque dans un temps déterminé.

Baroche de son côté est parfaitement décidé , il vous l'a dit lui-même à accepter un 19ème conseiller hors section.

Et il (s'en) rapporte à la décision de l'Empereur sur le choix des deux partis que je viens d'indiquer.

Pour moi j'avoue que je souffre un peu car me voilà en plein dans mes affaires du conseil et je rappelle que j'y ai plus de deux mille décrets par an.

Si l'Empereur qui d'ailleurs fort gracieusement engagé envers moi veut bien à votre demande choisir le parti qui lui convient le mieux vous pourriez au prochain conseil lui faire signer le décret.

J'aimerais mieux un 19ème conseiller si j'étais le juge de l'affaire puisque je ne dérangerais en rien la situation de Mr Vaïsse. mais Baroche s'en rapportant il vous appartient de décider du mode le plus convenable avec S.M.

Je ne sais pas s'il faut attribuer au brouillard une influence quelconque, mais je me sens assez triste au milieu des hommes qui se querellent et des affaires qui souffrent. Il y a dans le monde politique je ne sais quelle oscillation des doutes, de passions de tiraillements qui ressemble fort à un malaise.

Enfin Dieu est grand et l'Empereur est fort et clairvoyant.

Adieu mon cher Comte et veuillez recevoir la nouvelle expression de mes sentiments dévoués.