Lundi 17 mars 1863

 

Mon Cher Comte,

Je viens comme toujours en interprète des voeux et demandes qu'on m'adresse et en deux mots voici ce que je suis chargée de vous soumettre: Mlle Friedberg danseuse assez connue à Berlin et à St Petersbourg protégée par Bacciochi et .... aura l'honneur de se produire le 20 Mars dans la salle du théâtre allemand devant leurs Majestés. Elle supplie qu'on lui accorde la permission d'être secondée par quelques unes de ses amies du grand Opéra le permettrez vous ? répondez S.V.P.

Seconde prière : Monsieur ... l'éditeur de Gounod veut louer la salle du Théâtre Lyrique dans les trois mois de clôture pour y donner des représentations de la Reine de Saba, l'auteur le désire vivement seulement on aurait besoin des costumes et décors de l'Opéra et on se met à vos genoux pour vous attendrir et vous engager à les leur céder.....

En n'ayant pas de frais de ce côté là, Monsieur C.... assure avoir des recettes immenses et auteur et éditeur comptent sur un grand succès devant ce public là, qui est sérieux et très connaisseur à ce qu'ils disent.Je ne sais pourquoi l'univers entier s'adresse à moi, Peut-être se doute-t-on de la douce sympathie qui existe entre Alexandre et Pauline et espère-t-on que ces deux coeurs ont de l'influence l'un sur l'autre.

Ce qui est sûr c'est que je suis bien ennuyée et que je me sens coupable d'indiscrétion inouïe.

Mais la confiance est la première et la plus belle qualité en amour!
A vous de coeur!