Mercredi 20 ou 30 mars 1864

 

Portalis à Walewski

 

Monsieur le Comte,

Je n'ai pas osé hier soir vous parler de la situation fausse et pénible à tous égards dans laquelle je suis depuis bien longtemps, mais je suis convaincu que vous en seriez touché si vous la connaissiez et je viens vous prier bien instamment de me venir en aide. Sa Majesté l'Empereur, a eu la bonté de me promettre une compensation qui m'était bien due pour m'indemniser de la suppression de ma circonscription électorale. L'Empereur a bien voulu me faire espérer une ... à la Cour des Comptes. La lettre de S.M., datée du 2 mai dernier, me donnait toute confiance. Mais plusieurs vacances ont eu lieu. Je n'en ai point profité. Et sans cesse le premier président Monsieur de Royer défenseur des droits hiérarchiques, s'oppose à ma nomination. En toute vérité il m'est impossible, de rester plus longtemps sans une position qui m'est nécessaire pour faire vivre moi et les miens. Les éminents et longs services de mon illustre aïeul et de mon père, mon dévouement à la dynastie impériale, éprouvé durant mes douze années de  députation, voilà des titres à la justice et à la générosité de l'Empereur dont le coeur est si bon. J'ai quatre enfants, et Madame Portalis, se dispose, à m'en donner un cinquième, nous n'avons aucune fortune, l'année dernière nous avons éprouvé des pertes considérables. Ce n'est pas par amour propre c'est par nécessité que je sollicite avec .... Venez à mon aide Monsieur le Comte, je vous le demande en souvenir de mon vénéré père, dont l'appui me serait si utile en ce moment. Dites un mot à l'Empereur. Qu'il dispose de moi avec toute confiance. Je m'en rapporte à sa justice, à sa générosité, il appréciera. Mais je ne puis rester plus longtemps dans une incertitude bien cruelle. Depuis trois mois, je suis loin des miens, qui par raison d'économies indispensables ne sont pas venus à Paris.

Pardonnez-moi Monsieur le Comte le triste aveu que je vous fais et croyez à ma reconnaissance.