le 12 mars 1865

 

Monsieur le Comte,

Vous souvient-il encore de nos entretiens de Compiègne et de tout l'intérêt que vous vouliez bien prendre à ce récit que je vous faisais des dernières heures de l'Empereur Napoléon à Fontainebleau ? Ce sont des souvenirs bien loin de nous que j'évoque là et tant de choses remplissent notre vie et l'agitent que c'est à peine si vous vous rappelerez l'émotion qui gagnait votre coeur en songeant à la fidélité du Maréchal Mac Donald à son dévouement à l'Empereur. Je suis absente depuis si longtemps de Paris par suite de tant de deuils successifs et aussi en raison de la santé de ma fille ainée que je dois être reconnaissante à ceux qui ne m'ont pas tout à fait oubliée et la Comtesse Walewska si bonne et si charmante a droit tout particulièrement à nos meilleurs sentiments car je trouve deux invitations parmi les cartes qu'on m'a envoyées ici. Au nom de toute cette gloire passée de l'Empire dont vous êtes un des plus sympathiques partisans je viens demander à votre bonne amitié un service auquel j'attache un grand prix et votre courtoisie si aimable m'aimable m'est une garantie de l'accueil que vous ferez à ma demande.

Mes amis m'écrivent que l'Empereur va nommer quatre sénateurs et je viens vous prier Monsieur le Comte d'insister auprès du Prince Napoléon pour qu'il réclame en faveur du fils du Maréchal Mac Donald.

J'ose espérer que pour le Prince ce nom le rattache à de trop grands souvenirs pour qu'il ne lui donne pas tout son appui et ce serait cause gagnée si elle était présentée par Votre Excellence.

Est-ce trop présumer de votre bonne grâce je suis assurée que non et c'est pour cela que je vous envoie d'avance avec l'assurance de mes sentiments les plus distingués mes plus sincères remerciements.