Quiberon, le 20 avril 1865

Marquis de Coislin à Walewski

 

Mon Cher Walewski,

N'ayant aucunes nouvelles ni de vous ni d'Edgar je me tourmente de voir ainsi le temps s'écouler parce que je vois arriver prochainement l'époque à laquelle je touche la pension de 100 Louis mon seul moyen actuel d'existence qui m'est payée par ordre de Monsieur le Comte de Chambord sur la caisse de l'association des Chevaliers de Saint Louis.
Convaincu comme je le suis de plus en plus depuis plusieurs années de la nécessité pour l'avenir de la France et du devoir pour tout homme tenté de travailler à consolider le gouvernement de l'Empereur, parlant, agissant dans ce sens, et voulant me conserver [?] à son service, vous comprendrez Edgar et vous mieux que personne que je ne puis ni ne veux continuer à toucher cette pension quelque indispensable quelle me soit ; ce serait contraire aux habitudes de toute ma vie je l’écris aussi à Edgar
Si l’Empereur ne peut maintenant me faire donner une situation qu’en raison des services passés de mes ancêtres dont je vous ai remis une note après vous en avoir parlé il me mette en position de pouvoir quelque temps vivre convenablement en poursuivant et chassant [?] comme je le fais dans nos départements de l’Ouest depuis plusieurs années et de faire connaître à tous qu’il m’a relevé de la misère quand je lui ai fait connaître ma triste position.
Je suis certain du bon résultat que cela aurait car depuis 3 ans environ j’ai souvent dit que quand je serais arrivé à ne plus pouvoir vivre comme j’y suis je ferais savoir à l’Empereur l’état fâcheux dans lequel se trouve un honnête homme chef d'une famille qui a rendu de bons et grands services à son pays. Jamais ce projet n'a été blâmé par gens d'aucune opinion, et je demeure convaincu que cet acte de bonté de l'Empereur m'aiderait beaucoup au travail que je fais depuis quelques années pour ramener à son gouvernement des gens qui y sont hostiles.
Voyez avec Edgar si il vaut mieux que vous et lui parliez de cela à l'Empereur ou que par vous je lui fasse ma demande écrite. Ou que j'aille la lui faire dans une audience. Je suivrai votre avis.
Mais je vous en prie faites effort pour une solution prompte car je vais me trouver dans un terrible embarras.
Croyez Cher Comte aux biens sincères sentiments avec lesquels je suis tout à vous.