Le 5 janvier 1867

 

Mon Cher Président,

Tout a été tellement sincère entre nous que je considère comme un devoir de vous dire que décidément après beaucoup de troubles, d'hésitations, d'insomnies, je ne crois pas pouvoir aider l'Empereur comme ministre de l'instruction public (quoi que ce soit à mon gré le plus enviable des ministères) dans l'évolution libérale qu'il prépare. C'est comme député que je lui donnerai ardemment mon concours. Comme je vous l'ai déjà dit un ministère spécial ne caractérisant pas une politique mon ... n'est pas indispensable. Si je l'opérais sans nécessité je donnerais en apparence raison à ceux qui attribuent mon attitude depuis plusieurs années aux désirs d'être ministre à tout prix et de n'importe quoi. Le désintéressement a été jusqu'à présent ma meilleure arme. Il ne faut pas que je m'en prive. La force irrésistible en politique vient du caractère plus que du talent. C'est dans ce sens que je parlerai à l'Empereur. Je ne doute pas que son large esprit ne me comprenne et ne m'approuve. Mais j'ai cru loyal de vous prévenir quelle serait décidément mon attitude vis à vis de lui.

Bien vôtre.

 

P.S. Les changements à la loi sur la presse ne me paraissent possible que par une loi.