Palais des Tuileries, le 22 Février 1854

 

Mon cher Walewski,

Je ne vous ai pas répondu plus tôt parce que j'ai été très occupé tous ces temps-ci mais il me tardait cependant de vous dire que si je vous ai fait quelques observations cela ne pouvait me faire oublier tous les bons services que vous m'avez rendus à Londres, aussi serais-je désolé que vous quittiez un poste qui est si important dans ce moment pour moi et où il me serait impossible de vous remplacer ; car j'ai peu de représentants dans lesquels j'ai autant de confiance que dans vous. Ainsi ne me parlez plus de départ ni de mésintelligence avec Drouyn de Lhuys il faut oublier tout cela dans l'intérêt général.

Lorsque vous verrez Lord Landsdown, Lord Clarendon et Lord John Russel vous leur direz combien j'ai été touché et heureux des bonnes choses qu'ils ont prononcé au parlement. Si j'ai fait tous mes efforts pour cimenter l'alliance des deux pays ; eux aussi y ont beaucoup contribué en mettant tant de bon vouloir de franchise et d'urbanité dans leurs relations avec mon gouvernement.

Lorsque la guerre éclatera j'aurais bien des projets à soumettre au gouvernement anglais mais comment conserver le secret qui est indispensable dans ces sortes de choses.

Mes amitiés à Mme Walewska et comptez toujours sur ma sincère amitié.

Napoléon