Palais des Tuileries, 6 Avril 1858

 

Mon cher Walewski,

J'ai lu tout ce qui est relatif à l'affaire du Cagliari, mon opinion était faite d'avance comme je vous l'ai dit, parce que je ne considérais la question que sur le point de vue politique, mais après avoir pris connaissance de toutes les pièces, je vous avoue que les plaidoyers des avocats du ministère m'ont paru peu concluants et empreints d'une certaine partialité pour Naples. Les raisons au contraire développées dans le journal des débats d'aujourd'hui, parfaitement logiques et justes sont surtout conformes à la politique que je veux suivre. En effet, je suis bien aise de trouver une occasion qui sans me compromettre montre ma sympathie pour le gouvernement et les intérêts du Piémont.

Je vous prie donc de ne plus consulter des avocats qui ne sauraient en rien éclaircir la question. Car toute sa gravité réside dans cette simple appréciation : le Cagliari doit-il être considéré comme un pirate ou comme le bâtiment d'une puissance amie couvert par son pavillon. Il faut donc écrire dans ce sens au Prince de La Tour d'Auvergne.

Recevez l'assurance de ma sincère amitié.

Napoléon