Plombières 9 Juillet 1858

Mon cher Walewski, J'ai reçu votre lettre. Je crois qu'il faut tenir bon, car sans cela de concessions en concessions on finit par ne plus avoir d'opinion. D'ailleurs, je trouve entre nous très désirable que l'Autriche soit isolée et refuse de s'entendre sur une proposition faite justement par la Prusse . Maintenant que la conférence vienne à se dissoudre ce n'est pas un grand malheur et comme tout le monde serait d'accord sauf l'Autriche, je crois que les résolutions de la conférence devraient s'exécuter.

Ce que je vous recommande surtout c'est d'éviter la combinaison dont vous me parlez et qui me ferait céder sur une lettre que m'écrirait l'Empereur d'Autriche. Je n'en veux à aucun prix. Nous avons cédé sur bien des points, nous avons abandonné le drapeau commun permanent pour ne l'adopter qu'en cas de rassemblement, comme en Suisse. Nous ne pouvons pas céder davantage. Que cela soit bien entendu arrive ensuite ce qui pourra.

Recevez mon cher Walewski, l'assurance de ma sincère amitié.

Napoléon

Je vous prie d'envoyer au duc de Grammont la lettre ci-jointe de Mr Rouland qui est très claire, très bien écrite et très bien pensée. Il faut qu'il parle énergiquement au Pape et qu'il lui dise ce que j'ai si souvent répété qu'il n'y a pas de bon accord possible, si pour toutes les questions qui les intéressent les deux pouvoirs temporel et spirituel ne s'entendent pas d'avance.