Vercelli, le 1 juin 1859

Mon cher Walewski,

Je préfère encore envoyer Brenier à Naples que de le nommer sénateur.

J'approuve la note que vous avez envoyée à Moustiers sur la question de formation de l'armée dans le palatinat ; il faut montrer de la confiance à la Prusse. Demandez à ce propos copie à l'Impératrice de la lettre que m'a écrite le Roi de Prusse à propos de l'affaire de Neuchâtel. Cela sera peut-être bon de la remettre sous les yeux du Prince Régent.

Il faut que vous tachiez par la diplomatie d'arriver à un résultat qui est indispensable pour mes opérations militaires, c'est de pouvoir déboucher par Bologne et Ferrare afin de tourner les lignes de l'Adige.

Je ne veux certainement pas prendre l'initiative et violer la neutralité de territoire du St Père, mais il faut trouver un moyen de prouver clairement que les Autrichiens violent cette neutralité.

Ainsi par exemple les traités ont donné la citadelle de Ferrare à l'Autriche mais non pas la ville, et cependant ils l'occupent je crois. Enfin cherchez un moyen, comme je vous le dis c'est indispensable.

Je voudrais sauvegarder le principe de neutralité et cependant profiter de cette ligne stratégique.

C'est difficile j'en conviens mais c'est une raison de plus de s'appliquer à réussir.

Je pars dans quelques instants pour Novare.

Croyez à ma sincère amitié.

 

Napoléon