Valeggio, le 4 Juillet 1859

 

Mon cher Walewski,

L'Impératrice vous aura montré ma lettre au Prince régent de Prusse. J'avoue que je suis très incertain de savoir si j'ai bien ou mal fait car la modération peut être considérée comme faiblesse et alors produire l'effet contraire qu'on en attendait. Quant aux bases d'une négociation future si comme je le pense elle n'est pas radicale il vaut mieux ne rien demander pour la France mais il faut faire un état des Romagnes, de Parme et de Modène sans cela ces pays ne seront jamais tranquilles. Je me suis fâché contre l'idée que le Piémont avait été la cause du soulèvement parce que j'aime avant tout la vérité. La Romagne est le pays le plus vivace et le plus révolutionnaire de l'Italie personne n'a eu besoin de l'arrêter au contraire ; les agents piémontais ont agi dans le sens de l'annexion au Piémont, voilà leur tort. Mais qu'il y ait eu ou non des agents piémontais en Romagne la révolution se serait faite de même et plus tôt. Les massacres de Perruggia rendent la situation bien plus difficile j'en suis désolé. Je me suis entendu pour que le Piémont envoyât même des troupes pour empêcher les volontaires de marcher sur le territoire resté fidèle au Saint Père mais on ne peut demander davantage tant malheureusement le gouvernement de ............. est détesté.

Nous avons ici une chaleur plus grande qu'en Afrique heureusement que l'armée ne marche pas en attendant la prise de Peschiera. N'oubliez pas de me donner par le télégraphe toutes les nouvelles de Vienne qui peuvent m'intéresser. L'Empereur d'Autriche est-il parti ?

Recevez l'assurance de ma sincère amitié.

 

Napoléon

L'Angleterre je sais est disposée à agir avec nous pour engager le roi à faire cause commune. Ecrivez à Londres dans ce sens. Il devrait m'envoyer 20 000 h. à Ferrare.