Saint-Sauveur, le 29 août 1859

Mon cher Walewski,

Je vous renvoie les dépêches de Zurich avec quelques annotations. Quant à l'entrevue avec le Prince de Prusse, il faut tâcher de m'en débarrasser sans refuser positivement. Je vous ai écrit au sujet de l'amnistie pour les soldats hongrois; il me tarde bien que cette question soit décidée. Comme je vois qu'il sera presque impossible de s'entendre avec l'Autriche, ne croyez-vous pas qu'il soit possible de mettre en avant l'idée d'un congrès en réglant non seulement les questions italiennes, mais toutes les grandes questions qui s'agitent encore en Europe.

Recevez l'assurance de ma sincère amitié.

Napoléon

Les journaux parlent beaucoup d'une créance qu'aurait la France vis à vis de la Belgique ; dites-moi si cette créance est fondée.

J'ai reçu une lettre du Roi de Sardaigne me disant que dans les circonstances difficiles où il se trouve, il m'envoie le Comte Arese pour me demander mes conseils. Je lui ai répondu que je recevrai Arese avec plaisir, et que je pensais que pour sortir des difficultés actuelles, il faudrait peut-être se confédérer avec les Duchés, sans accepter d'annexion, ce qui serait un moyen de tout terminer.