Monsieur,

Je viens de lire dans vos mémoires un passage relatif à l'affaire de Strasbourg.

Loin de moi la pensée de réclamer contre un récit qui réunit l'élévation des sentiments à l'impartialité toujours si honorable pour l'historien, mais il s'y trouve un détail que je m'abstiendrais même de relever s'il n'intéressait pas ma dignité personnelle.

Vous semblez croire qu'au moment de mon départ pour l'Amérique le roi Louis Philipe m'aurait fait remettre une somme de 15000frs. Dans ma position, vous le comprendrez sans peine, je n'aurais jamais accepté un semblable don.

La vérité est que sur les 15000frs trouvés en or sur moi à Strasbourg, et qu'on séquestra comme de raison, le sous-préfet de l'Orient fut chargé par le roi de m'en rendre 5000. Cela certainement importe assez peu à l'histoire, mais plus la fortune vous a élevés, plus on tient à la pureté de sa conduite dans le malheur. Je ne doute pas de votre empressement d'accueillir la rectification d'un fait qui vous avait été présenté sous un faux jour et recevez l'assurance de mes sentiments distingués.