[Ajouté au crayon : le pape à Rome]
Sire,
A moins d’une révolution en Italie, je ne vois pas d’autre moyen de régler la question romaine que le concours des puissances ; Votre Majesté doit donc désirer  il me semble la réunion d’une conférence et surtout que cette conférence aboutisse – or on n’en prend pas le chemin, je le crains du moins.
Que votre majesté me permette de lui exposer aussi brièvement que possible mes idées à ce sujet :
Une conférence n’est pas comme une assemblée délibérante qui prend des décisions à la majorité ; toutes les décisions se prennent d’un commun ( ?) accord ; il s’en suit que pour avoir chance d’aboutir, il est indispensable de s’entendre au préalable sur des bases principales dont on peut essayer de tirer en conférences certaines déductions pratiques mais dont les principes doivent être arrêtés.
Dans le cas dont il s’agit c’est à nous  à proposer les bases or pour les formuler il faut savoir ce que nous voulons ! Ce que nous devons vouloir est je pense ceci :
Substituer à notre protection absolue et exclusive une garantie collective soit de toutes les puissances soit des puissances catholiques, de nature à assurer au chef de l’Eglise catholique la possession paisible des Etats qui lui restent.
Prendre toutes [tracé au crayon papier] les mesures nécessaires [ajouté au crayon papier] pour rendre cette garantie efficace.
Régler les rapports du Gouvernement romain avec l’Italie.
Obtenir du Pape pour satisfaire les populations tout ce qui est compatible avec le maintien de son autorité.
Si  tel est notre but la base de la conférence doit être d’assurer :
Le maintien de la souveraineté du Pape sur les territoires dont il est en possession et le règlement des rapports entre les Etats pontificaux et l’Italie.
Il faudrait dire à l’Italie « Nous sommes décidés à maintenir le Pape à Rome  [tracé et remplacé au crayon par : le Pape doit être maintenu à Rome]. L’expérience a prouvé qu’une convention entre vous et nous dans ce but est inefficace. Nous ne voulons pas entretenir indéfiniment  un corps d’armée dans les Etats pontificaux, nous venons donc vous proposer un arrangement européen. Mais cet arrangement n’est possible que sur la base du maintien de la souveraineté du Pape à Rome. Si vous ne voulez pas prendre part à une conférence sur cette base nous serons obligés de provoquer une entente entre les puissances catholique [tracé], sans vous, dans le but de rendre collective la protection exclusive que la France donne [remplacé au crayon par : accordée par la France] au chef de l’Eglise catholique. »
Si l’Italie accepte la réunion de la conférence sur la base ci-dessus mentionnée, la conférence pourra aboutir. Si malgré tous les efforts l’Italie refuse, la conférence deviendra non seulement sans objet et il y aurait de graves inconvénients à la réunir. Pour décider l’Italie à accepter, il faut faire observer tous les rouages directs et indirects que vous avez en main .
[Non signé]