Ablon, le 14 Novembre 1861

 

Très cher collègue,

Je ne suis point encore hors d'affaire, mais je suis débarrassé d'une transpiration de 72 heures je puis me lever un moment et j'en profite pour vous remercier de tout l'intérêt que vous avez porté à ma santé et de l'avis amical que vous m'avez fait parvenir par Monsieur Blache sur l'intérêt qu'il y avait même pour moi, à assister au dernier conseil. Une impossibilité absolue a pu seule m'empêcher de déférer à cet avis.

Je n'ai reçu sur ce qui a été dit ou fait à ce conseil aucun renseignement. Personne ne m'en a écrit et personne ne m'en a parlé.

J'ignore même si l'Empereur a bien voulu agréer mes respets ( ?). Je ne sais que ce qui est au Moniteur de ce matin. Ou je me trompe fort ou le Moniteur ne contient pas tout ce qui a été demandé, ni tout ce qui sera décidé peut-être. Dans tous les cas il ne suffit pas pour expliquer l'intérêt particulier qu'il y avait pour moi à assister au conseil. Il y a donc autre chose.

De grâce dites m'en un mot. Ce sera un grand service, car dans la solitude où je suis ma tête travaille et je me forge peut-être des chimères.

Mille amitiés sincères

P. Magne