Paris, le 14 octobre 1862

 

[En tête : Cabinet de Son Excellence M. Magne

Ministre sans portefeuille 1862]

Mon cher collègue et ami,

Je ne voudrais ni faire tort à l'Empereur par une acceptation irréfléchie, ni lui causer le moindre embarras par un refus. Je désire donc que vous ayez la bonté de le rendre juge de mes objections.

D'un côté, ma santé a été complètement ruinée par douze années d'une vie très active et par des préoccupations incessantes dans divers ministères. Je crains qu'elle ne soit plus au niveau de mon dévouement et de ma bonne volonté, et que dans un temps très court je ne sois obligé de reconnaître que mon acceptation a été une témérité pour une tâche aussi lourde..Je désire donc que Sa Majesté connaisse cette situation et puisse l'apprécier.

D'un autre côté je serais désolé, ainsi que je vous l'ai dit, si, en raison de circonstances particulières que vous connaissez, ma position de ministre sans portefeuille chargé de défendre les finances pouvait gêner en quoique que ce soit les combinaisons de l'Empereur. Je suis tout prêt pour faciliter ses arrangements à me retirer purement et simplement, sans aucune compensation, ou à accepter tout changement dans les attributions qui me sont dévolues.

Ma reconnaissance pour tout le bien que l'Empereur m'a fait et pour les nombreuses marques de confiance qu'il a bien voulu me donner est telle que ce qu'il décidera sera ma loi. Mais je tenais à mettre Sa Majesté en état de se prononcer en connaissance de cause.

Mille amitiés

P. Magne