Paris, le 23 Avril 1863

[D’une autre main : trouvée dans la caissette aux lettres de 23 avril]

[En tête : cabinet de Monsieur Magne]

 

Mon cher collègue et ami,

L'Empereur ne m'a rien dit ni fait dire concernant la rectification des chiffres de la revue des Deux Mondes. Ne pourriez-vous pas savoir, à la première vue, comment je dois interpréter son silence ? Est-ce le désir que j'aille en avant ? Est-ce le désir que je m'arrête ? Est-ce la permission de faire ce que je voudrai ?

Il en coûte à mon dévouement de voir l'erreur prendre si obstinément la place de la vérité au préjudice de l'Empereur, de voir les journaux qui passent pour lui être dévoués ne s'ouvrir que pour ce qui l'accuse, et se fermer pour ce qui le justifie. Car que sa Majesté ne s'y trompe pas, il s'opère avec une grande habileté un double travail qui consiste, d'un côté, à lui enlever en matière de finances, pour l'attribuer à la chambre, tout le bien qui pourra se faire, et d'un autre côté de lui attribuer tout le mal supposé de ce qui s'est fait jusqu'ici.

Mille amitiés

P. Magne