Mon cher collègue et ami,

Le préfet de la Dordogne me communique à l'instant une dépêche télégraphique annonçant le mouvement ministériel. C'est le triomphe complet de la rue de Rivoli.

Je regrette profondément votre sortie. Cependant je ne sais si je me trompe, mais je vois dans l'adjonction des Beaux Arts à la maison de l'Empereur, l'intention de Sa Majesté de vous appeler à ce poste de confiance.

L’événement ( ?) montrera si je vois mal l'avenir prochain.

F... a obtenu indirectement ce qu'il voulait pour le Moniteur

Les choses devant prendre cette tournure, je vous suis très reconnaissant de ne m'avoir rien écrit qui pût provoquer mon retour à Paris.

J'ai vu avec peine le remplacement de Rouland.

[Tracé : je ne renonce pas à mon espoir de voir les membres du Conseil privé conserver le titre de Ministre avec l’entrée au Conseil d’Etat, parce-que je crois l’idée juste, utile et conforme aux précédents monarchiques. L’Empereur veut donner des honneurs nouveaux sans diminuer les anciens ; c’est le seul moyen de redire ( ?) ce programme qui a un bon côté.]

Je regrette infiniment de ne pas vous rencontrer au Mont-Dore. Vous m'auriez probablement raconté bien des choses que vous ne voulez pas m'écrire - pour arriver à la conclusion qui a prévalu, l'Empereur a du renoncer à des idées qui paraissaient définitivement arrêtées dans son esprit, notamment la présidence divisée du Conseil d'Etat. Comment en si peu de temps s’est-t-il fait tant de chemin?

Mille amitiés et regrets sincères

Trélissac près Périgueux, le 24 Juin 1863