[D’une autre main : Rouher]

Très cher comte et ami,

Beaucoup de rumeurs sur des changements prochains viennent me troubler dans ma chère solitude.

On parle d'une entrevue prolongée entre l'Empereur et R....

Qu'y a-t-il de vrai dans tout cela? Avez vous été, irez vous à Fontainebleau? Je regrette beaucoup que votre santé vous fasse hésiter.

Avez-vous vu le maître ? Quelles sont ses dispositions sur l'ensemble des choses ? L'opinion se gâte évidement. Que faudrait-il faire ? Je ne sais, mais certainement l'Empereur doit aviser, et ce ne sera pas par de simples changements de personne qu'il portera remède au mal. Ici, nous voyons revenir au Conseil Général un ancien commissaire de Ledru Rollin, proscrit du 2 décembre, et aujourd'hui préféré au fils du Maréchal Bugeaud, dans le lieu même que ce dernier a comblé de bienfaits et illustré de son nom. Ces choses ne seraient pas croyables, si on ne les voyait de ses yeux.

Dans mes expériences agricoles, principalement pour la vigne, j'ai un succès qui me comble de joie. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau, d'aussi chargé que mes jeunes plantes de deux ans, qui dans les systèmes ordinaires auraient été encore pendant deux ans sans rien produire. Voilà les vraies jouissances de la vie, tout le reste est factice.

Mille bonnes amitiés

P. Magne

A Michel Montaigne, par Lamothe Montravel,

(Dordogne, 25 juin 1864)

Avez-vous quelque espoir pour l'ami de notre ami?

Quand partirez-vous pour le Mont-Dore?

J'irai peut-être à Paris dans les premiers de juin pour chercher ma famille.