Michel Montaigne par Lamothe Montravel (Dordogne), le 5 septembre 1865

 

Mon très cher Président,

Recevez d'abord mes bien sincères félicitations; autre chose est une affaire faite, ou une affaire à faire, quoique sûre. J’ai donc lu le Moniteur avec le plus vif plaisir.

Au moment où je recevais votre dernière lettre, je me disposais à partir pour Montaigne et j'avais besoin d'y être et de savoir comment je pourrais m'installer au milieu de mes décombres, pour pouvoir régler mon temps.

Maintenant j'y suis et j'y resterai jusqu'à mon retour à Paris, sauf de légères excursions dans les environs. Il est bien entendu que je retarderai mon retour à Paris le plus que je pourrai.

Donc je suis entièrement à vos ordres soit quand vous irez à Orx, soit quand vous reviendrez. Ayez seulement la bonté de me faire savoir le moment 1° pour que je vous envoie chercher à Libourne, 2° pour que j'avertisse Mr Hubert ... de faire tenir quelqu'un à Montaigne les Tours. Vous viendrez d'abord, j’espère avec Mme Walewska, passer quelques temps avec nous et nous consacrerons à notre loisir une journée pour visiter Montaigne les Tours. Comme ce château est dit-on infiniment plus beau que le mien et que ce dernier, une fois réparé me plaira beaucoup, je suis porté à croire que Montaigne les Tours fera une bonne impression.

Le Périgord, peu connu, mérite cependant de l'être. Mon fils serait bien heureux de vous offrir l'hospitalité à Trélissac et de vous montrer ses travaux qui sont considérables. Vous verriez à Périgueux la ville de France qui est peut-être le plus en progrès, et ses environs qui sont une vraie mignardise. Si donc quand vous serez à Montaigne, vous pouvez disposer de quelques journées, nous ferons une fugue à Périgueux et à Trélissac qui en est à dix minutes.

Mille amitiés

P. Magne