A Monsieur Walewski

Montaigne, le 4 octobre 1867

 

Cher Comte et ami,

Chargé par ma femme et Marie de le prier de nous conduire avec lui Madame Walewska et Mademoiselle Elise.

Que se passe-t-il donc à Paris, quoique la situation politique ne soit pas très nette, elle ne suffit pas pour expliquer la panique de la bourse.

Les affaires financières réagissent sur elles-mêmes, du moment où les illusions font place à la rude réalité. Quiconque ne se paye pas de mots et de vains programmes pouvait prévoir cet inévitable dénouement.

Je me suis fait des ennemis bien dangereux pour avoir voulu et pu, pendant six ans, préserver le trésor de ces funestes utopies avec lesquelles on s'efforçait de le solidariser. Si j'avais eu la faiblesse de céder j'aurais eu d’ardents prôneurs et une renommée passagère. On peut voir aujourd'hui quelles… auraient remplacé la prospérité exceptionnelle que j'ai établie et conservée dans les finances publiques au milieu de tant de difficultés et de besoins, sans en triompher pour moi.

Ce qui me console c'est que les faits sont acquis et qu'on en revient aux idées saines. Témoin, les obligations trentenaires si bien accueillies, si bêtement supprimées et reprises aujourd'hui avec éclat.

Je dis ce qui me console, et j'ajoute ce qui excuse entre nous ce retour un peu fier vers le passé, c'est que j'ai sur le cœur la dernière conversation me concernant, dont vous m'avez dit quelques particularités que j'ai cru avoir le droit de trouver injustes, et peu d'accord avec de nombreux témoignages émanés de la même source.

Mais de même que la goutte d'eau ... , de même des attaques incessantes contre celui qui garde la …., finissent par détruire les impressions du juge le plus bienveillant. Il faudra longtemps pour que ... des faits ramène la justice. Je n'y compte même plus.

Mille amitiés.