Genève, ce 11 août 1846

Monsieur le Comte,

Permettez moi de venir vous rappeler les conversations que nous avons eues ensemble, je compte trop sur votre bonne amitié pour croire que vous ayez oublié tout ce que l'ami de la personne auprès de laquelle vous avez bien voulu être mon interprète a d'important pour moi.

Depuis que je ne vous ai vu les élections sont venues donner aux ministres une force qui pourrait devenir funeste dans des mains aussi mauvaises, en outre quelques événements de famille me font attacher encore un plus grand prix à ce que je vous ai demandé !

Je vais revoir ma sœur bientôt et je viens vous en prévenir, afin que si vous avez quelque chose à me faire parvenir vous le lui remettiez, par ce moyen ce que vous m'écrirez sera à l'abri des indiscrétions de la poste.

J'ai bien regretté de ne plus vous trouver ici. Veuillez me rappeler au souvenir de Madame la Comtesse et croire Monsieur le Comte à tous mes sentiments d'estime et d'amitié.

Napoléon Bonaparte