Palais Royal, ce mardi 13 avril

 

Mon cher Walewski,

Vous n'êtes pas encourageant pour mes protégés, il faut cependant que je vous parle de Monsieur de Montigny consul à Shangaï, il m'écrit une lettre désolée, il est malade, vous ne l'avez pas nommé consul général, il se mine tout à fait dans ce poste où il n'a pas de quoi manger. Je trouve je l'avoue sa position insoutenable et il me parait vraiment injuste de l'y laisser. Je n'ai parlé à personne avant de m'adresser à vous, son chef. J'aime beaucoup mieux que vous me répondiez avec franchise ce que vous comptez faire de lui. Il y a deux moyens pour lui être utile :

1° Ou le nommer consul général avec un traitement de quarante mille francs, au lieu de vingt-cinq mille francs qu'il a ou

2°Le faire revenir en le nommant par exemple consul général à Tunis ce qu'il préférerait je crois. Dites-moi ce que vous voulez faire. Mais vraiment je vous en prie ne le laissez pas dans la position où il est. Il est malade et se mine.

Je vous trouve bien sévère pour Chabrillan !

Si vous en avez le temps je vous serais obligé de me venir voir, il y a longtemps que je ne vous ai vu et j'aurais à causer avec vous de choses qui m'intéressent personnellement.

Recevez mon cher Walewski l'assurance de tous mes sentiments affectueux.

Napoléon

Dites je vous prie à Mme Walewska combien j'ai regretté de n'avoir pas été à son bal qui a été charmant à ce que l'on dit. J'étais souffrant et peu disposé au plaisir.

 

Note de Michèle Battesti
Cette lettre fait manifestement suite à la lettre N° 13