[Papier à monogramme R]

24 avril 1850

Mon cher Walewski,

Monsieur Tanski qui savait le plaisir que j’éprouverais à la nouvelle d’un nouvel honneur, d’un plus complet bonheur pour vous, est venu m’apprendre vos dignités récentes. Vous ne doutez pas non plus j’espère de la joie que j’en ai reçue et combien je suis fière et heureuse que le père de mon fils soit à sa digne place et tout à fait heureux. Si Alexandre savait assez écrire il vous aurait écrit pour se rappeler à votre souvenir mais désirant avant développer son corps je ne tiens pas à cultiver encore son esprit donc il ne sait pas écrire mais je pense que vous ne serez pas fâché de me voir prendre l’initiative en cette circonstance et vous assurer pour mon fils et pour moi de l’intérêt que nous prendrons toujours à tout ce qui vous viendra de joie et de prospérité.  
La santé d’Alexandre est fort bonne. C’est la mienne que je lui ai donné sans doute car la mienne est perdue à jamais. L’excitation [ ?] du théâtre me soutient encore parfois mais souvent je souffre à désirer vouloir mourir.
Je suis installée à la rue Trudon. Je possède un charmant hôtel. J’ai Pierre et sa femme, sa fille pour femme de chambre volontaire et j’ai pris Joseph pour valet de chambre. J’ai du contentement à me voir entourée de gens qui vous ont longtemps servi et qui vous aiment toujours.
Si vous m’écrivez vous savez le plaisir que j’en aurai.

Mille tendres souvenirs

Rachel