Mon cher comte,

Connaissant ma décision inébranlable, que pouvait vous faire de donner en tous cas un mot de recommandation à Monsieur Bellevaut  auprès du consul de New-York ? Allons décidément j’ai peu de chance vers la fin de ma triste carrière !
Vous m’avez fait espérer que vous m’enverriez quelques temps mon fils Alexandre, voulez-vous avoir la bonté de faire parvenir à ma mère (qui se chargera en compagnie de Rose de l’aller chercher) une autorisation afin que le collège n’hésite pas à le laisser sortir.
Ma santé est toujours fort chancelante.
Le Cannet est un endroit délicieux, malheureusement voilà qu’on me dit maintenant que le printemps n’y est pas aussi éternel qu’on se plait à le dire à Paris.
La Comédie française ne m’a pas donné signe. Et j’ignore si ma lettre à l’Empereur est bien arrivée je n’en ai pas non plus de nouvelle.
Adieu mon cher  comte si des nouvelles de ma santé peuvent en effet vous intéresser, je vous en ferai parvenir autant que mes forces me le permettront. J’ai fait un bien grand effort aujourd’hui pour écrire aussi longuement.

Votre dévouée

Rachel

18 septembre 1857