Je ne vous ai pas écrit plus tôt attendant toujours vainement la réponse que vous annonciez m’avoir faite. Au surplus celle que vous avez adressée à Brindeau m’a causé le plus vif plaisir. J’avais cherché dans la lettre que je vous avais écrite à mettre la plus grande modération à vous peindre en un mot les choses telles qu’elles étaient avec le pour et le contre je vois combien j’ai eu lieu de m’applaudir en me fiant à votre seule raison pour choisir le bon parti.
Personnellement parlant ce Ministère ne tiendra pas dans l’état actuel les deux premiers mois de la session, en admettant qu’il se …jusqu’à elle. Ensuite je crois que la réforme de la Pairie est destinée à devenir une question du présent et non d’un avenir éloigné comme le fait entendre le Constitutionnel Véron.
Si Thiers la veut vraiment je ne doute pas qu’elle se fasse ; mais pour cela que de mesures encore à prendre que d’efforts à faire. Soutenu des articles du Messager reproduit par le Siècle et le t… français enfin combattu par la Presse je puis espérer faire durer quelque temps encore la discussion de cette question toutefois il serait chimérique d’espérer la mener sans interruption jusqu’aux chambres.
Ma seconde lettre qui a paru le vendredi 23 dans le Messager du samedi 24 est à mon sens et ce qui vaut mieux dans l’opinion d’hommes de poids ce que j’ai fait de moins mauvais jusqu’à ce jour
Un second moyen de succès que je mets en œuvre est de susciter des pétitions pour la réforme de la Pairie
J’ai écrit à Montalembert et à Brézé à ce sujet J’ai été chez O. Barrot pour lui en parler je ne l’ai pas trouvé mais ce n’est que partie remise. À cela je vois un double avantage
1 de faire naître une discussion sur la réforme au sein des chambres
2 de constater que l’existence de la chambre des Pairs n’est pas absolument indifférente au Pays
Quant à vous je crois que quelque temps avant l’ouverture des chambres il ne me …..pas d’annoncer dans votre feuille qu’une pétition est ouverte au bureau du Messager pour la réforme de la Pairie.  Ce serait un corollaire de l’opinion que vous soutenez et dont vous consentez à faire une de vos questions.

Pour rendre à César ce qui est à César Brindeau devant qui je développais mon système de pétitions m’a suggéré  cette ingénieuse extension du système.

Enfin il faudrait que peu de temps avant l’ouverture de la session un comité se constituât pour la réforme de la Pairie composé de Pairs, députés, journalistes. Il serait à propos de répandre des brochures conformes à l’opinion d’un comité sur cette question une des meilleures selon moi serait la reproduction du discours de Thiers en faveur de l’hérédité pour peu qu’il en modifiât la fin qui est dirigée contre l’élection.
Si vous me demandez le fond de mon opinion je vous dirai que mon beau idéal serait l’hérédité avec l’élection par les Conseils généraux de Département. Ainsi tout en rétablissant l’hérédité le principe électif se trouverait introduit pour les remplacements.
La Royauté seule croirait y perdre mais elle y gagnerait au contraire un auxiliaire d’autant plus puissant que son indépendance serait à l’abri du soupçon …si ce Très bien n’est pas possible il faudra nous contenter d’une situation passable et dans les limites de la Charte.
Telle serait la suppression des catégories et la nomination par le Roi sur un certain nombre de candidats présentés par les Conseils généraux de chaque département. C’est du reste l’amélioration facile que j’avais proposée dans ma brochure comme pis aller de l’hérédité et qui est maintenant soutenue par le Temps. Les avantages de celle-ci sont de n’effrayer personne, pas même le Roi à qui il serait bien aisé de faire entendre que la chambre des Pairs ne gagnerait par là que des apparences de l’indépendance ; ce qui à mes yeux est cependant beaucoup.
Enfin de pouvoir s’exécuter plutôt mais je persisterai jusqu’au dernier moment à soutenir la première, car elle est la seule à remédier à ce déplacement des pouvoirs que Thiers avait si justement prophétisé dans la discussion de 1831 ; seule…….