Etiolles le 30 septembre

 

Mon cher Magne,

Je ne vais pas à Londres ; il en a été un peu question, mais décidément je reste à Paris et je le préfère beaucoup.

Je viens de prendre un joli appartement quai Voltaire n°1 ; nous y serons installés à la fin du mois. La session s'ouvrira je crois le 6 novembre et ce sera la session ordinaire ; on espère qu'elle ne durera que jusqu'à la fin de février.

Je n'ai pas revu l'Empereur mais j'ai reçu de lui des lettres bienveillantes ; j'espère le voir à son retour de Biarritz.

Selon moi la visite de Tarbes ne prouve qu'une chose c'est que Tarbes est près de Saint Sauveur où l'Empereur a fait construit un pont et près de Bagnères de Bigorre que sa Majesté voulait visiter. Du reste la rue de Rivoli, vous n'en doutez pas, se ... toujours avec toutes les idées qui permettront de maintenir le statu quo au Ministère des Finances pour la plus grande gloire de la dynastie des Fould et Fould Oppenheim

Thiers est très désireux de faire une campagne financière mais il se pourrait que la mauvaise pensée de se lancer dans la politique étrangère l’emportât.

Il dit que vous êtes, dans le régime actuel, le seul homme entendant les finances.

Quant à Fould il le tient pour un boursier et un agioteur.

Vous devriez rentrer à Paris avant la fin d'octobre. La lettre que vous avez reçue de l'Empereur ne m'étonne nullement mais me fait plaisir ; elle prouve que vous êtes apprécié.

Adieu mon cher Magne, mille et mille amitiés.

A. Walewski