Zurich, le 19 septembre

 

Mon cher Magne,

Votre lettre je ne vous le cache pas me peine extrêmement. Ce n'est que sur vous sur votre amitié que je comptais pour l'affaire de Chatelain et vous me renvoyez à Baroche !! Je ne sais comment les choses se passent aux Finances, mais dans tous les intérims que j'ai faits comme dans ceux qui ont été faits pour moi, je n'ai jamais imaginé que l'intérimaire pût faire des nominations, surtout des nominations de quelque importance autrement que sur la demande du ministre titulaire auquel seul, il me semble, doit appartenir le choix du candidat à proposer à l'Empereur.

Je regrette bien vivement qu'il n'en soit pas ainsi aux Finances car cette affaire à laquelle vous le savez j'attache le plus grand prix, est évidemment manquée. Baroche a probablement quelque intérêt électoral, qui primera toutes les autres considérations, je n'attends pas d'ailleurs de son amitié un service aussi difficile que celui dont il s'agit.

J'avais donc renoncé à écrire à l'Empereur, persuadé que sans un puissant concours de votre part ma lettre resterait sans effet. Cependant ayant eu à écrire à Sa Majesté je me suis décidé à lui rappeler combien la nomination de Chatelain me tenait à cœur. Voyez s'il vous est possible de me venir en aide soit auprès de l'Empereur soit en demandant à votre intérimaire de proposer Chatelain en votre nom et en première ligne.

Nous partons pour Munich et dans huit jours au plus tard nous serons à Paris ; nous comptons toujours aller à Orx dans les premiers jours d'octobre.

 

Mille amitiés sincères

A. Walewski