Villa Irène Amphion près Evian, le 18 août

Mon cher Magne,

Votre petit billet m'a fait un grand plaisir.

Tout ce qui vous arrive d'heureux me touche directement et depuis que nous nous sommes vus vous avez certainement gagné beaucoup de terrain.

C'est l'avis de tout le monde et entre autres c’est l'avis de Forcade qui est ici depuis deux jours.

Que devenez-vous ? Quand serez-vous à Montaigne et jusqu'à quand ? Je tiens à le savoir car je caresserai l'espoir d'aller vous y faire une visite, allant ou revenant d’Orx.

Quand pensez-vous que l'Empereur sera à Biarritz ? Et les élections?

On m'écrit qu'un Conseil privé doit être convoqué pour statuer à cet égard !

Je suis disposé à en douter cependant par un possible si cela arrivait je tiendrais à le savoir un peu d'avance car je voudrais m'y rendre.

Je viens d'apprendre avec une grande satisfaction que mon ami Bonneville est nommé à Rome; excellent choix. Depuis bien longtemps la France n'aura eu auprès du Saint Siège un aussi bon agent. J'aurais consenti à aller à Rome comme ambassadeur extraordinaire auprès du concile mais en gardant mon traitement du Conseil privé et en ne touchant du ministère que des frais de représentation.

Si Gramont allait à Saint-Pétersbourg et si le ministre des Affaires Etrangères n'était pas changé j'irais volontiers à Vienne, mais peut-être vaut-il mieux pour moi rester ce que je suis.

Je renonce à présider mon conseil général, je viens de l'écrire à Duruy qui est mon vice-président.

Nous espérons que Madame Magne va de mieux en mieux. Madame Walewska est un peu souffrante ; nous attendons ici Fleury dans quelques jours.

Mille amitiés sincères et dévouées

A. Walewski