Villa Irène  Amphion Près Evian, le 27 aout

Mon cher Magne,

Vous avez raison : mieux vaut parler qu'écrire.

Aussi j'ajourne ma campagne; d'ailleurs je ne comptais essayer de donner un bon coup de collier que si, comme je m'y attendais, l'occasion s'en offrait et jusqu'à ce jour, contrairement à mon attente, elle ne s'est point offerte!!

Je ne suis pas étonné de ce que Rouher vous a écrit de Carlsbad car je savais qu'il a annoncé autour de lui que sous peu il serait fait quelque chose pour le Conseil privé.

Maintenant je ne dois pas vous cacher que j'ai quelques raisons de craindre un coup de Jarnac; la satisfaction avec laquelle Rouher a parlé de cette solution n'est pas de nature à nous rassurer.

J'ai peur du système de la réduction à 50000 francs ; nous avons l'entrée au Conseil d'Etat, peut-être des réunions périodiques avec les ministres mais le titre de ministre, non. Enfin qui vivra verra!

Vuitry est venu nous faire une courte visite avec sa femme et sa fille

Il n'avait pas entendu parler du Conseil privé, pas plus que d'autre chose il ne savait rien de rien!

Les deux seules choses que j'en ai tiré, c'est qu'il n'a jamais été question de dissolution et que la réunion des chambres aura peut-être lieu fin novembre ou plus tard mais pas plus tôt.

Nous partons d'ici avant le 25 septembre. Je compte toujours aller à Orx au commencement d'octobre et vous faire une visite en revenant.

Adieu mon cher Magne mille amitiés sincères et dévouées.

A. Walewski

P.S. : Vos lettres me parviennent directement et rapidement.