Villa Irène Amphion près Evian, le 5 septembre

 

Mon cher Magne,

Je reçois de mon ami Cambray-Digny une lettre dans laquelle il me prie d'intervenir auprès de vous. Il s'agit de la cote à la bourse de Paris des obligations qui vont être émises par la Compagnie Fermière des Tabacs en Italie.

Il attache à ce que cette cote soit accordée une grande importance et on lui mande de Paris que la chose dépend de vous, l'Empereur étant favorable. De la réussite de cette affaire des tabacs, dépend selon lui le sort des finances italiennes, et il pense que la France est intéressée à les soutenir non seulement au point de vue politique mais aussi parce que la plus grande partie des recettes italiennes sont dans des mains françaises.

D'un autre côté il rappelle que les obligations en question ont le caractère et sont absolument assimilées aux titres de rente, que par conséquent il n'y a pas de motif pour leur refuser la cote.

Enfin Digny m'écrit que s'il ne réussissait pas dans ses opérations et dans ses efforts pour sauver le crédit italien, il se retirerait pour faire place à un ministère Ratazzi lequel nous créerait de graves difficultés!

Tout cela est vrai mon cher Magne, je vous prie donc de le prendre en considération et d'accorder la cote aux dites obligations.

Nous partons d'ici le 14 pour faire un petit voyage en Allemagne ; nous serons à Paris le 1er octobre et le 6 à Orx peut-être même à Biarritz.

Serez-vous encore à Montaigne ? Madame Fleury est ici depuis deux jours nous attendons son mari cette semaine.

Les Forcade partent dans deux ou trois jours ; j'ai été très content de mes rapports avec Forcade, c'est je crois un homme droit et loyal.

Mille choses des miens aux vôtres et bien des amitiés sincères et dévouées.

A. W.

Note : une lettre de Magne du 10 septembre 1868 est sur le même sujet.

Walewski est mort le 27 septembre 1868