44 Avenue Gabriel

Paris le 4 mai 1863

Excellence,

Connaissant les sentiments nobles et sympathiques que vous portez à la cause de la Pologne, je prends la liberté de vous envoyer une lettre que l'on m'a écrite hier, du Grande Duché de Posen.

J'ai reconnu l'écriture du gentilhomme qui me l'a adressée ; il n'y a pas mis son nom, parce qu'en Prusse les lettres sont actuellement ouvertes. Veuillez avoir la bonté d'en prendre connaissance. S'il était possible de la communiquer à S.M. l'Empereur, ce serait très heureux. Vous avouerez, Monsieur le Comte, qu'il m'est impossible de prendre la responsabilité de répondre à pareille interpellation. On me demande d'aller aux vraies sources, et je m'adresse à vous, espérant que si vous ne pouvez nous accorder encore une assurance formelle d'appui et de secours, qu'au moins vous ne nous refuserez pas un mot d'espoir, sur lequel nous puissions nous reposer, et puiser du courage et de la confiance au milieu des combats et des massacres qui nous attendent, hélas ! Encore.

Excusez mon importunité, au milieu de vos nombreuses occupations, et recevez Monsieur le Comte, l'expression de mes sentiments les plus distingués.