Hinchingbrook ce 2 août 1832

 

Mon Prince,

Je viens d'apprendre que mes terres de Pologne vont être séquestrées. Votre Altesse voudra bien excuser la liberté que je prends de m'adresser à Elle pour connaître les motifs qui m'ont attiré une rigueur à laquelle j'étais loin de m'attendre croyant ma personne et mes biens en toute sécurité, à l'abri, de l'amnistie accordée par Sa Majesté Impériale et dans laquelle je me trouve compris.

S'il y a quelques conditions prescrites pour jouir de l'amnistie, je ne puis nullement être coupable de n'y avoir pas satisfait n'en ayant jamais eu connaissance et ayant cru l'amnistie inconditionnelle. Je n'ai même à me reprocher aucune négligence à cet égard, car je me suis enquis à plusieurs reprises à l'Ambassade Impériale à Paris des ordres qui auraient pu être reçus concernant les amnistiés ; mais rien de ce genre n'y était parvenu.

Depuis la conclusion des malheureuses affaires de Pologne, je crois n'avoir rien fait qui aie pu attirer sur moi le mécontentement de Sa Majesté Impériale ; j'étais même si loin de le redouter qu'il est à votre connaissance, Mon Prince, que je désirais obtenir un passeport pour aller faire un voyage en Pologne.

Confiant dans tout ce que je viens d'avoir l'honneur de soumettre à Votre Altesse, j'espère qu'une erreur ou quelques faux rapports ont seuls été cause de la rigueur exercée sur mes biens. J'ose attendre que vous voudrez bien, Mon Prince, éclaircir ce point, et je prie Votre Altesse d'agréer d'avance l'expression de la reconnaissance avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Mon Prince, de Votre Altesse le très humble serviteur.