Sur son lit de mort, vers l'an 1773 pendant le règne du Roi Stanislas Auguste

Dernière prédiction de Wernyhora

Ô Pologne ô ma patrie ! Ton sort est misérable, le sang de tes enfants coulera abondamment, leurs ossements serviront à de glorieuses hécatombes, on dévastera ton sol, le désespoir et la tristesse s'étendront en dessous de toi. Trois vautours étrangers se partageront trois fois tes dépouilles, et tu tomberas. Les efforts de tes fils ne serviront à rien, car ton Roi actuel les abandonnera.

Ô ma patrie! Tu gémiras longtemps sous le joug étranger, on déportera une partie de tes enfants dans les contrées désertes, une autre partie ira mendier avec son sang et sa parole un secours quelconque dans des pays lointains. Après de longues années des souffrances, viendra le Géant de l'Occident, et l'espoir renaîtra en Pologne : les polonais combattront leurs ennemis sur leur propre sol, mais leur espoir, semblable à une étoile filante, aura luit et disparu en même temps. Cependant ceux qui ont démembré la Pologne, diront : l'Aigle Blanc vit encore, le Royaume de Pologne existe, et les gens faibles se feront illusion là-dessus et béniront même les bourreaux de leur patrie : en ce temps-là un Czar méchant et avide du sang de ses sujets montera sur le trône des Jagellon. La Pologne se soulèvera sur toutes les parties de son territoire : mais l'homme de la circonstance lui manquera, et sans chef et sans union, elle tombera comme par le passé. Les polonais seront dispersés, comme des aigles dont on détruit le nid ; les uns s'en iront dans des contrées éloignées, les autres traîneront de longues années dans l'exil et les prisons. La Pologne inondée du sang de ses enfants supportera longtemps le joug de ses oppresseurs : mais enfin un jour viendra où l'Anglais fournira son or, le Français ses armées, où le Turc abreuvera ses chevaux dans les eaux du Horyn. Les polonais seront nombreux comme les arbres des forêts lituaniennes, comme les grains de sable des bords de la Vistule, comme les épis des champs, ils se lèveront en masse et combattront leurs ennemis. Ils remporteront la première victoire dans un endroit nommé le Ravin de Hanczarycha, la seconde, non loin des Tertres de Piareta et Perepiatycha, la troisième près des Sept Tertres, la quatrième enfin et la dernière entre Rzeszczów et Tancza. Le sang déteindra les eaux du Dnieper qui charriera les cadavres ennemis pour les briser contre les rochers : et il ne restera plus ni un Allemand ni un Russe sur le sol polonais, depuis la mer Noire, jusqu'à la mer Baltique, depuis les monts Carpates, jusqu'aux steppes de Nizow. Et la Pologne sera grande et puissante jusqu'à la fin des siècles !

Le gouvernement russe, éveillé par les derniers soulèvements des paysans en Ukraine, et connaissant la foi du peuple dans les prédictions de Wernyhora, a fait niveler, raser quelques-unes des dites collines de Piareta et Perepiatycha, et fortifie cette position.

Note Wikipedia : Le prophète Wernyhora joueur de lire cosaque du 18° qui chantait le destin de la Pologne
Son existence n'est pas bien établie, et sa légende est transmise principalement par les œuvres de fiction, surtout dans la période romantique et néoromantique.
On lui attribue la Prophétie de Wernyhora (en circulation depuis 1808-1809), où il prédirait les partitions de la Pologne à la fin de XVIIIe siècle et tout au long du XIXe ainsi que sa résurrection subséquente.