10 décembre 1860

Cher Alexandre,

Madame B….épouse du sénateur à Varsovie et cousine germaine de Mathilde Danenberg me charge de la rappeler à votre souvenir et de vous prier en son nom d'avoir l'extrême bonté de vouloir bien recommander au préfet d'Angers son beau-frère Monsieur Pierre Knyzanowski ancien émigré employé dans la préfecture à Angers ; espérant que vous ne lui refuserez pas cette obligeance à laquelle elle tient beaucoup et qu'elle préfère vous demander par moi n'étant pas sûre si vous vous rappelez d'elle. Ceci me procure en même temps le plaisir de vous demander de vos nouvelles et de vous communiquer celles au sujet de mes enfants. Constantin mon fils est affligé de la grave maladie de sa petite âgée de cinq ans et ne la quitte pas un instant, Valérie votre filleule grâce à Dieu avec son mari et ses cinq enfants est très bien établie dans une belle terre à la campagne.

Lucie ma fille mariée depuis le mois de juin habite une terre à cinq heures de Varsovie de l'autre côté de la Vistule ; et mon fils Sigismond demeure dans sa terre à six mil de Varsovie et n'est point encore marié. Moi je passe le printemps, l'été et l'automne avec mes enfants à tour de rôle chez eux et l'hiver à Varsovie ayant vendu ma terre à Rychtowski.

Si je ne craignais pas d'abuser de votre bonté je désirerais vous recommander les deux filles ainées de mon frère Joseph Mikorski pour les protéger dans leurs carrières d'artistes de chant qu'elles ont entreprises et pour lesquelles mon frère trouve difficulté à pouvoir les engager avantageusement malgré leur grand talent.

Il me fait mention des propositions pour Navarre en Espagne qu'on leur fait mais il aimerait mieux pouvoir les placer à Paris par votre protection ou du moins obtenir des conditions plus lucratives.

Je vous embrasse de tout mon cœur et je joins les expressions de ma considération pour la Comtesse Madame votre épouse de ma part ainsi que de la part de tous mes enfants en nous recommandant à tous deux à votre bon souvenir.